Jephta - Ouverture (à la française) de l'Oratorio
Mise en scène : J.M. Villegier et Jonathan Duverger
Bordeaux 13 juin 2010
JEPHTA
Nous y sommes, le moment que j'aime le plus arrive … les lumières du lustre de la très belle salle de l'opéra de Bordeaux s'éteignent … Nous ne sommes plus dans le monde ordinaire et Jane Glover, clef de voûte de la représentation, s'apprête à bouger sa baguette pour diriger le dernier des Oratorios composé par G.F. Haendel : JEPHTA … L'orchestre de l'Opéra de Bordeaux est attentif , le temps est suspendu …
Les premieres notes de l'ouverture s'élèvent dans l'espace du beau vaisseau bleu et or, si familier …
Changement d'espace/temps … le "Grand théâtre" remplit, dès la première seconde, sa fonction de "machine à remonter le temps" …
Nous sommes le 26 février 1752, le jour de la création à Londres. Les spectateurs
médusés découvrent la dernière œuvre du vieux maître Saxon … Ils ne sont pas au bout de leur surprise, ni de leur émerveillement … et nous non plus !
Avec ses bras et d'étonnants mouvements de son corps, Jane Glover,
crée un monde, (elle sculpte la partition avec sa battue extrèmement précise) Le monde, dans lequel nous allons vivre pendant trois heures et trente minutes ...
L'intrigue, comme toujours dans les oratorios de Haendel, est tiré de la Bible ( L'Ancien Testament - Sauf le "Messie" et "Theodora") . En l'occurrence, il s'agit de l'histoire de
"Jephté" (Livre des Juges ) qui est intronisé roi d'Israël - après avoir été banni - pour mener le peuple élu à la victoire contre la secte des Ammonites. Pour ce faire il invoque le
Dieu des hébreux en lui promettant en échange de sacrifier la première personne qu'il rencontrera à son retour au pays, après la bataille. Cette première personne qui vient à sa rencontre est sa
fille Iphis et le dramatique dilemme s'installe. Le ton général de l'Oratorio est grave, profond mais aussi subtil et par certains côtés léger, selon les moments et les états d'âmes des
protagonistes… On peut , malgré tout, s'installer confortablement dans le flot musical et se laisser porter au cœur du drame biblique …
La musique de Jephta est très expressive, les mélodies superbes et plus savantes qu'il
n'y paraît. Le vieux maître, au soir de sa vie, décrit musicalement les sentiments de chacun des personnages avec une profonde connaissance de l'âme humaine. les Aria "da capo" se
succèdent entrecoupées par les interventions du chœur (personnage à part entière) qui commente, compatit, formule des injonctions, des conclusions et fait avancer le drame, comme le chœur des
tragédies antiques. Pendant le magnifique deuxième acte, on peut même entendre un des rares quatuor vocal écrit par Haendel : les protagonistes déplorent les uns après les autres la décision de
Jephta de procéder au sacrifice de sa fille Iphis (Soprano). Storgè, femme de Jephta et mère d'Iphis (Mezzo soprano) Hamor, fiancé d'Iphis
(Contre ténor) et Zebul (Baryton-basse) demi frère de Jephta (ténor). Ce quatuor est l'occasion, en ce 13 juin 2010, d'un moment de perfection vocale et musicale
rare … (ô spare your daugther) La pâte sonore sculptée par le chef d'orchestre anglais : Jane Glover prend tout son sens .
Artistes et spectateurs font partie d'une même tout !
à suivre : Jephta argument et distribution ....
par Mark Padmore, ténor