Photo Antiochus
Profane et SacréPROFANE. . . SACRÉ. . ! Quoi de plus facile à comprendre ? Le Sacré est religieux et le Profane (de Profanus : hors du Temple) ne l’est pas. Pourtant, lorsque l’on prend conscience que la Spiritualité religieuse n’est pas toute la spiritualité et que cette spiritualité est un besoin fondamental au même titre que manger ou dormir, il faut réfléchir à quelques mots que l’on croyait connaître.
Cette notion de « Sacré » semble passer par une sorte de décalage dans le temps (du temps profane au temps sacré) on pourrait dire qu’il s’agit plus précisément d’un changement de qualité du temps. L’espace, lui aussi, change et devient singulier lorsque l’on dispose les objets symboliques et que l’on entre dans le rituel maçonnique. Il faut sans doute y associer la notion de groupe « être ensemble pour avancer ».
Le Sacré n’est pas une notion statique.Les premiers humains, confrontés aux évènements naturels sur lesquels ils n’avaient pas prise, ont sans doute essayé de conjurer leurs peurs en transformant des lieux naturels (grottes peintes, alignements de pierres levées etc) en lieux sacrés, eux-mêmes perpétués par une suite d’actions répétées et transmises de générations en générations (sans doute les premiers rituels).On pourrait dire que le simple fait d’être réunis autour d’un feu constitue les prémices de l’action Sacrée.
Stonehenge
L’homme, au sein du lieu Sacré, bien qu’effrayé, fasciné se sent protégé par un état spirituel qui le dépasse. Il n’a plus peur d’aller de l’avant, au contraire, il y trouve une raison d’être.Les religions, pendant des millénaires et encore aujourd’hui, ont utilisé ces mécanismes pour rassembler les humains mais aussi pour les asservir, pour structurer la société mais aussi pour prendre le pouvoir. Elles ont créé un Dogme (prêt à penser de la croyance) qui explique, enjolive et édulcore la transcendance en donnant un nom à ce qui ne devrait pas être nommé.
Le Sacré crée les conditions du Sens.
La spiritualité de l’humain est de l’ordre de l’intime.La Franc-Maçonnerie, par contre, a rassemblé ces notions au sein de Rites faisant référence au religieux ou n’y faisant pas référence, mais préservant en tout cas, la liberté de chacun. L’individu est ainsi mis aussi bien au centre du rituel qu’au centre du Monde ... au sein de l’Humanité en fait.Le lieu Sacré devient alors un outil de liberté et de développement, il ouvre le chemin des possibles. Libre à chacun de s’y engager ou de ne pas le faire, de faire des pauses plus ou moins longues où d’aller gaillardement de l’avant.
Selon le peintre/sculpteur Philippe Garel le sacré est "ce qu'il reste quand tout est perdu", c'est "la découverte que l'ailleurs est ici-même".La fonction principale du Sacré est de permettre de vivre, sans trop d’appréhension, l’instant présent (l’Ici et Maintenant des psychologues) passage obligé de la progression personnelle. Vivre le moment présent c’est se donner la possibilité de se voir tel que l’on est (à ce moment là) donc de pouvoir faire des choix peu ou pas entachés de ce que l’on a vécu jusqu’alors et de sortir, si le moment est opportun et autant que faire se peut, de la répétition des comportements, des présupposés et des certitudes.
Le Sacré non religieux est né en même temps que la Franc-Maçonnerie, au 18ème siècle. Auparavant il n’avait fait l’objet d’aucune analyse distincte (dit Mircéa Eliade). Le siècle des lumières introduit une attitude nouvelle : Ecrivains et philosophes soumettent les faits religieux à une lecture rationaliste systématique pour discriminer, entre eux, les aspects fictifs, tenus pour obscurantistes (dénonciation des superstitions) et les aspects compatibles avec le modèle de l’homme éclairé par la raison et par le progrès.Les penseurs de l’époque adoptent l’idée d’une nature humaine dotée d’un sens du Sacré indépendant des religions. (Jean-Jacques ROUSSEAU par exemple) •Pour finir, une définition :
« Le Sacré est un état affectif qui submerge la raison. C’est un ensemble d’expériences subjectives de la personne qui, à l’occasion d’états affectifs particulièrement intenses d’exaltation ou de frayeur, prend conscience d’être relié à des réalités suprasensibles et d’être, un instant, dépendante d’un englobant qui la dépasse » Jacques Wunenburger.
Temple de Jérusalem