Rafal Olbinski - oeuvre picturale à décrypter ...

Oeuvre du peintre Rafal Olbinski (cliquez sur l'image pour la voir en plus grand)

En ce début d'un printemps avant l'heure, je vous propose un petit jeu pour préfigurer ce changement (prématuré, oui, je sais) de saison !
Le décryptage/analyse/contemplation d'une oeuvre est un acte de liberté, puisque l'on ne saura jamais ce que l'auteur (en l'occurence le peintre Rafal Olbinski) voulait dire vraiment, quel message il désirait passer - y en avait-il un d'ailleurs ? ...

Que voyez-vous dans cette oeuvre ?

Quelle émotion provoque-t-elle en vous, quels souvenirs surgissent ... Quelle vision apparaît, quels symboles !
Débranchez votre raison et servez-vous de votre intuition, de votre imagination ... si un poème vous vient, partagez-le avec nous. Lâchez prise ... et écrivez en commentaire ce que cette image provoque en vous !
Tout ce ceci, si le coeur vous en dit, naturellement ! (mon interprétation suivra les vôtres).
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N'oubliez pas de lire les passionnants commentaires déjà reçus !

Rafal OLBINSKI est un célèbre illustrateur, peintre surréaliste et designer polonais, né en 1945. Émigre aux Etats-Unis en 1981, son oeuvre est principalement consacrée à des détournements des tableaux de Magritte, des effets d'optique et des tableaux en trompe-l’œil. Il est professeur à la School of Visual Arts in New York depuis 1985 et son oeuvre a été acquise par de nombreuses grandes galeries et musées à travers le monde.

Comments

[2K18]

Bonjour,
Tout d'abord cette œuvre transmet un sentiment de tristesse.
On peut dégager une première interprétation de cette illustration. Tout d'abord cet ensemble de bougies étendu sur une surface qui paraît s'étendre à l'infini pourrait représenter une forêt malheureusement déforestée par l'Homme. L'Homme occasionne la disparition de la nature soit de la vie et de la gaieté. La nature est un refuge de tous les sentiments de l'Homme (amour, joie, compassion, optimisme…) et de l’abondance (production de fruits, de fleurs…). Les bougies dépeignent les troncs coupés des arbres. Ainsi ce monde désormais obscure , mort est façonné à l'image de l'Homme, cette image émerge de l'essence des bougies. Ce paysage dépeint la situation actuel du monde et de la nature face à l'activité de mondialisation de l'Homme.

Ensuite nous pouvons dévoiler une autre interprétation de ce paysage. Tous les visages formés par la fumée sont tournés vers l'Ouest. C'est visage d'Hommes sont orientés dans une même et unique direction ce qui porte à croire qu'une pensée collective habite ces visages qui n'expriment aune émotion.On ne peut distinguer ces individus. Il n'y a donc pas de place pour l'individualité. Une société totalitaire est représentée. Aussi, Olbinski dessine les traits de certaines régions du monde où la liberté n'existe pas.
Enfin, une troisième analyse est possible. Les bougies représenteraient les corps des Hommes à travers la lumière et la clarté. Les fumées en forme de visages font penser à des esprits qui s'élèvent dans le ciel noir. Autrement dit, La lumière serait associée à la vie et les volutes qui s'en réchappent, seraient les esprits des Hommes qui se dirigent vers un autre monde, le monde des morts, les ténèbres. Cependant, même si les flammes des ces bougies sont éteintes, la fumée n'est pas encore étouffée. Il reste un espoir pour que les esprits et les pensées des morts demeurent et ne soient pas réduits à néant.
Merci

[ANK]

Tableau en 3 couleurs,vert du sol, horizon noir et blancheur des bougies et de leurs spirales de fumées, qui s'inscrit sur cet horizon en lui donnant sens humain. Au début, tristesse de ces flammes éteintes, où presque. Mais, la flamme de la bougie est liée à sa mèche, figée dans son cône de cire. Elle éclaire autour d'elle, et son action est liée à ce socle dont elle est partie intégrante. Les actions posées : lumière, chaleur, et larmes de cire. Mais la spirale de fumée est libérée de ce lien. Elle trace son propre sillage dans l' Éther, donnant visage humain aux volutes de l’esprit dégagé de sa gangue. Message d'espoir en 3 dimensions, pour peu que l'on pense qu'il y a plus que ce que nos sens puissent embrasser.......
Eclairons, Eclairons, mais Fumons aussi !

[ANTIOCHUS]

Salut amie chère,
Tout d'abord j’ai remis ton commentaire où il devait être puisque tu commentes le tableau d'Oblinski
Très belle description sensible et poétique de ce tableau qui m'importe beaucoup ... j'y vois , comme toi un espoir plutôt qu'une fatalité ! nos pensées sont en concordance, comme souvent ! Laissons-nous enchanter par ces trois couleurs que tu décris !
Espérons, espérons, mais avec lucidité !
Amitié indéfectible

[Pasteline]

bonjour,
j'ai beau regardé ce tableau, je n'y vois pas la mort mais la vie!
je ne vois que le côté de la jouissance après avoir honoré l'autre;
pour moi ce ne sont pas des bougies mais des pénis satisfaits et prêts à honorer encore et encore, la flamme n'est pas éteinte elle est juste en repos dans la béatitude du plaisir acquis;
voir les visages être en communion comme une suite, une prolongation du plaisir et non pas comme une fin . C'est l'amour sans fin, éternel, complet.
je suis complètement à l'encontre des commentaires des blogueurs mais bon, c'est l'image première que m'a fait penser ce tableau

la représentation de la mort est autre pour moi;

[ANTIOCHUS]

Comme toi, chère Pasteline et comme mon propre commentaire (article suivant) te le dis, je vois la Vie dans cette image (malgré la couleur noire qui domine) ... J'aurai un peu plus de mal à te suivre sur ta métaphore sexuelle, mais toutes les interprétations sont à respecter ...
Bon dimanche et toute mon amitié !

[MariePierre Robert]

Première impression: tristesse, champ de ruines, ténèbres, inhibition de l'individualité...
Impression de fin du monde...
Deuxième vue qui saute aux yeux: les volutes de fumée toutes tournées vers la gauche, l'Ouest???
Troisième observation plus posée, plus fine: certaines volutes ne se conforment pas au modèle le plus représenté...
Cette image me fait penser à un cimetière, et aussi à une société totalitaire où tout serait orienté vers un même but...
Cependant, l'atmosphère chromatique éteinte (c'est bien cela!!!), ne me porte pas à l'espoir, mais plutôt à la crainte...celle de la pensée unique, du totalitarisme qui, même après la mort, nous projetterait vers une idée, un espoir collectif, et non individuel...Et tout cela vers l'Occident...non vers l'Orient...
Pourtant, l'espoir peut encore se manifester, dans les volutes non-encore ex-primées...comment ne pas les laisser se conformer??? En avons-nous encore la capacité? La Lumière existe-t-elle et peut-elle oeuvrer dans l'ombre des ténèbres?
Bien sûr!!! L'ombre portée de la gauche vers la droite annonce sa présence déclinante...mais le sursaut est indispensable, se conformer au système unique ne pourrait revenir!!!
A moins que...
L'espoir guide ma vie, mais parfois je crains pour l'avenir du monde, celui qui accueillera et portera mes enfants...les conflits actuels me laissent penser que l'humanité a encore grand besoin d'aide et de souvenirs douloureux pour éviter le pire!
Puisse une Lumière grandissante éclairer le chemin de l'humanité et de ses dirigeants...

[ANTIOCHUS]

Bien pessimiste est votre commentaire, Marie-Pierre ... mais réaliste aussi, bien que je la crois très éloigné de ce qu'à voulu exprimer l'artiste ... mais qui sait ! Il faudrait l'interroger lui-même !
Merci de votre contribution à ce billet
à bientôt pour d'autres échanges, je l'espère !

[JACQUELINE]

je viens de lire....les impressions de tes/nos amis
La tristesse est de mise mais comment en serait-il autrement. Mais puisque tu nous demandes notre première impression moi je n'ai vu d'abord que la fumée, celle de nos pensées, qui s'envolent . Un nuage de pensées au dessus de nous. Qu'en restera-t-il???
Une bise du soir

[ANTIOCHUS]

Ces fumées/visages qui s'effilochent lentement ... rien n'est perdu, tout laisse une trace ... Nos pensées se rejoignent en un lieu dont nous ne savons rien (tient c'est moi qui évoque, pour cette fois, le verre à moitié plein !) ...
Affectueuses pensées, chère amie romaine

[Bernadette dekens]

Aujourd'hui j'ai aussi reçu ceci: grandsreves.over-blog.com et c'était comme un beau dialogue entre blogs ( ou plutôt entre nous, concepteurs et lecteurs du contenu de ces deux beaux blogs). Sur la peinture d'Olbinski, il y a la forme éphémère de nos visages et je ressens une profonde nostalgie de la lumière et de la vie...

[ANTIOCHUS]

Ce blog, dont vous parlez, donne envie de le parcourir/découvrir ... est-ce vous qui en êtes l'auteur ?
Ce tableau vous évoque donc l'éphémère (de notre vie ?) et la nostalgie (du manque ?) ...
Merci de votre contribution
Bon dimanche
Antiochus

[darmon]

Cette oeuvre originale me fait penser à la place de l'humain dans le cosmos : le visage ébauché émane de la lumière d'une infinité de bougies : chacun la sienne : certaines sont allumées, d'autres en voie de lumière comme des étincelles à venir qui illumineront chaque naissance, chaque individu.
Fumée subtile en mouvement : beauté et fragilité à la fois, dans un style dépouillé de voiles, semble-t-il. cela dépayse et re/payse en même temps. J'aime beaucoup ce rêve éveillé.

[ANTIOCHUS]

Bonjour chère Darmon,
Comme l'oeuvre d'Oblinski suscite en nous des images, ton commentaire sensible et précis décale notre regard vers une autre façon de voir ce tableau ... Un rêve éveillé ? tu as sans doute raison car les artistes sont coutumiers du fait ... il faut juste affiner sa perception pour le ressentir !
Merci pour ton interprétation qui enrichit grandement ce billet !
Affectueuses bises

[cricam]

Bonjour Antriochus, bonjour à toutes et à tous qui parcourez les commentaires !

ces volutes à visage humain qui s'élèvent dans les ténèbres évoquent pour moi la mort, qui fait partie de la vie... même par une jour ensoleillé comme aujourd'hui.
La cire qui coule le long des bougies défuntes est le témoignage d'une vie de labeur.
Aucun signe n'évoque l'existence d'une vie après la mort, aucune lumière dans le ciel, ne serait-ce que la lumière froide de la lune. Pures évanescences que ces volutes...
Cette image, cher Antiochus, m'a rappelé un poème que j'attribue - sans en être absolument certain-
à Jean Louis Barrault et que je vous livre bien volontiers :

" Il m'est arrivé de faire un rêve qui était une espèce de cauchemar, mais un cauchemar positif.
Personnellement, je rêve en couleurs. Et alors il y avait une enseigne lumineuse en lettres d'or, et où l'on pouvait lire :
Pour mourir, trois jours

Et là, je découvrais le détail de ce que l'on pouvait faire à partir du moment où le coeur avait cessé de battre.

D'abord, le coeur a cessé de battre. Il faut tout de même vider cet édifice de tout l'ameublement qu'on a accumulé pendant la vie.
Et pour cela, je crois que deux fois douze heures ne sont pas de trop pour enlever les meubles, les souvenirs, les désirs inassouvis, tous les sentiments qu'on a eus, les tendresses, les affections.
On est vraiment très meublé au cours de la vie.

Et puis alors, le deuxième jour, c'est le corps qui s'effrite, comme vous voyez quelquefois quand on détruit un immeuble et que la caméra prend au ralenti. On y voit l'immeuble qui tombe au ralenti.
Comme ça, avec des nuages de poussière.
Alors, c'est le deuxième jour que le corps s'effrite.
Comme ça. Jusqu'au jour où tout à coup on l'emmène dans la fosse du cimetière.
Là, il y a tous les amis qui sont venus pieusement. Et puis les fossoyeurs qui attendent de faire leur métier.
Et quand la cérémonie du cimetière est terminée, les amis s'en vont, avec la bonne conscience du devoir accompli.
Et puis les fossoyeurs commencent à travailler.
Ca, c'est la fin du deuxième jour, et le début du troisième.

Et si l'on reste attentif et qu'on se penche sur le trou, on voit - c'est toujours dans mon rêve, mais il m'a plu - on voit tout à coup, s'élever comme une petite fumée, une petite évanescence qui s'en va en spirales, comme les spirales d'une jolie cigarette anglaise, comme cela, qui s'en va, qui sort du trou et se cherche son orientation.
Et puis on entend : " libérée, libérée, libérée.."
Et cette évanescence, qui est l'essence même de l'être, a choisi son lieu pour faire partie du présent éternel.
C'est le troisième jour. "

Je trouve ce poème un peu moins sinistre que cette oeuvre d'Olbinski : chaque fumée ne ressemble à aucune autre, et aucune d'entre elle ne s'évapore totalement.

J'ai dit, avec l'espoir que ce poème vous a plu et le pressentiment qu' Antiochus le préservera,
à toutes fins utiles...

[ANTIOCHUS]

Bonjour Cricam,
"Aucun signe n'évoque l'existence d'une vie après la mort" dites-vous ... pour ma part les visages esquissés par la fumée résiduelle me parlent, au contraire de renouveau, de continuité ... Non, décidément, je ne vois pas la mort dans cette image ... mais je savais qu'elle créerait un saine controverse lorsque je l'ai publiée !
Ne pas oublier de lire ma propre interprétation dans l'article qui suit celui ci : Contribution personnelle ! merci d'avoir partagé ce poème ici !
Bon dimanche et à bientôt

[vanina]

une infinie tristesse inexplicable.

[ANTIOCHUS]

Mais non Vanina, on peut toujours ranimer la flamme ! La tristesse n'est utile que lorsqu'elle n'est que temporaire ...
Haut les coeurs !!!

[Andrée]

Flamme de la bougie , flamme de la vie, toujours prendre un éteignoir pour éteindre la bougie, ne pas souffler pour éteindre la flamme, ne jamais éteindre la vie en soufflant dessus

[ANTIOCHUS]

Bonjour Andrée,
"Ne pas éteindre la vie en soufflant dessus" dites-vous ... vous avez raison puisse que, symboliquement (ou si l'on préfère religieusement) c'est le Souffle qui a créé la vie ...
Belle journée !

[Demeter]

...les visages du plus loin que je me souvienne...au plus loin de l'horizon les visages à venir...j'aime à me noyer dans l'un...espérer dans l'autre...et vivre au plus près de maintenant...merci !!!

[ANTIOCHUS]

Bonjour Demeter, bienvenue dans les commentaires de ce blog !
Pour vous, ce sont les visages/fumées qui sont à retenir ... Visages à venir, ou visages du passé ?
à bientôt,
Antiochus

[Liliane]

Bougie...flamme,
Bougie...lien terre-espace céleste,
Et ce lien...par quel chemin?
Les mèches individuelles, s'élèvent en une communauté humaine tournée vers le même but !
Justement, quel but?
Souvenir, à-venir ?
Ces volutes si fragiles , à la merci du moindre souffle, donnent ici l'impression d'une force , celle des humains quand leur individualisme fait place au sentiment d'appartenance à quelque chose qui les dépasse, mais vers quoi nous tendons tous. ..Même si, pour y arriver, des larmes (de cire) doivent couler ...jusqu'à , finalement, ne laisser que le souvenir des volutes !
L'essentiel est d'avoir progressé ensemble, unis...jusqu'à l'épuisement , ici...pour atteindre... un ailleurs?
Voilà, cher Antiochus! J'aime beaucoup les affiches d'Oblinsky ! Belle journée ensoleillée à toi...Affectueuse bise d'âmiroir.

[ANTIOCHUS]

Bonjour Liliane,
Olbinski n'est pas qu'un illustrateur il est aussi un peintre ... et quel peintre !
Merci de ton interprétation qui enrichit ce billet,
Bises,
Antiochus

[midolu]

C'est bientôt mon anniversaire ! 60 bougies ... ;-)

Puis, ces visages qui partent en fumée, qui s'effacent au fil du temps ... Ceux et celles que l'on ne voit plus, et les passants que l'on croise sans les rencontrer, aussitôt vus aussitôt disparus ...

Peut-être, ma mémoire est-elle en train de flancher, sinon de se perdre, que je ne me rappelle plus ces visages ?

Je vois aussi comme des tombes alignées, des bougies comme croix, une bougie pour chaque être disparu.

Antiochus, mon imaginaire m'emporte parfois. Mais j'aime le solliciter !

Merci pour la découverte de cet artiste qui excelle dans le trompe-l'oeil.

Bon lundi à tous.

[ANTIOCHUS]

Dans le trompe-l’œil et le trompe-esprit manifestement ... ce peintre et illustrateur dessine des tremplins pour l' imaginaire sur lesquels se précipiter ... fascinant !
à bientôt Midolu