Le grenadier est originaire de l’Iran et du Nord-Est de la Turquie. Cultivé très tôt, avec l’olive et la datte, il apparaît à l’Âge du Bronze dans tout le pourtour méditerranéen [1]. Les Romains croyaient qu’il était originaire d’Afrique du nord et l’appelaient la « pomme punique » (malum punicum). En réalité, le grenadier fut importé par les Phéniciens lors de la fondation de Carthage (814 av. J.-C.). La grenade fut un symbole de Tanit, la déesse tutélaire de Carthage. Ce fruit généreux, de couleur rouge et aux grains nombreux, eux-mêmes couleur de rubis, est lié au sang, à la vie, et à la fécondité.
Le symbolisme de la grenade relève de celui, plus général des fruits à nombreux pépins (cédrat, courge, orange)
c'est avant tout un symbole de fécondité, de postérité nombreuse. Dans la Grèce antique, elle est l'attribut d'Héra et d'Aphrodite. Le pépin de la grenade aurait une
signification en rapport avec la faute de Perséphone séduite à l'aide de ce fruit.
A Rome, la grenade placée dans la main de Junon symbolisait le mariage. L'arbre tout entier en
raison de ses fleurs rouges parfumées était comme une incarnation de l'amour, du mariage et de leur conséquence directe : la fécondité. On en tressait des couronnes portées par les mariées le
jour de leurs noces.
Botticelli - La vierge à la grenade
La Mystique Chrétienne transpose ce symbolisme de la fécondité sur le plan spirituel. C'est ainsi
que Saint Jean de la Croix fait des pépins de la grenade le symbole des perfections divines dans leurs effets innombrables. À quoi il ajoute la rondeur du fruit comme expression
de l'éternité divine. À partir de la Renaissance, dans le domaine artistique, la grenade est associée à la Vierge et à l’enfant Jésus. On compte ainsi de nombreuses Vierges dites « à la
grenade ».
La grenade est, avec la datte et l’olivier, le fruit le plus cité dans la Bible. Les prêtres hébreux portaient sur
leur robe, l’éphod, une bande décorée de grenades d’azur, de pourpre et d’écarlate, tout autour du vêtement (Exode 28, 31-34). Au Temple
de Jerusalem, on ne comptait pas moins de 400 grenades sur les chapiteaux des deux colonnes d’airain (I Roi, 7, 42). Les rabbins attribuèrent à la grenade le nombre de 613
graines qui est très exactement le nombre des injonctions que Dieu transmit à Moïse dans le Pentateuque et qui constituent les termes de l’Alliance entre Lui et son peuple.
La grenade est un fruit d'une grande beauté, le rouge vif de chacun de ses grains symbolise tout naturellement le sang et la vie foisonnante. Les grains multiples,
enfermés dans une enveloppe unique, font bien sûr penser à toutes les communautés de pensées, formées d'individus rassemblés autour d'un même but (la franc-maçonnerie par exemple) ou d'une même
croyance (les chrétiens au sein de l'Église). Philosophiquement symboliquement la grenade représente la dualité du Un et du Multiple unis fortement pour former
le Tout, l'Universel.
La Vierge à la grenade - détail
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