Les mélodies de Sibélius, qu'elle chante au tout début du récital de ce soir, la montrent plutôt stressée ce qui l'oblige à forcer un peu
son Soprano lyrique, pourtant déjà fort sonore. Elle interprète ensuite une mélodie rêveuse, du compositeur norvégien Rangstrom ... elle a plus de mal à chanter "légato" qu'à prononcer
la langue norvégienne, qui lui semble naturelle (Nous apprenons à l'entracte que son père serait lui-même norvégien) ... Sa gorge manifestement serrée l'oblige à chanter "Forte"
presque constamment .
Les mélodies de Grieg, qu'elle interprète ensuite, semblent la décontracter et nous commençons à entendre son très beau timbre débarrassé
des embarras du stress . Elle montre l'étendue de son talent vocal et de ses qualités émotionnelles avec la magnifique mélodie de C.Debussy : "Beau Soir" et elle termine la
première partie du concert avec de célèbres lieder de Schubert, chantés avec esprit et un art du chant digne de ses plus illustres devancières, entre-autres : "Du bist die ruh"
et "Gretchen am spinnrade".
La seconde partie débute par trois chansons de Bilitis à peine chantées, presque sussurées ... Quatre mélodies de Richard
Strauss lui permettent de retrouver son tonus et de commencer un crescendo vocal éblouissant qui ne s'arrêtera qu'avec le dernier "bis" : une berceuse russe de P.I. Tchaikowski ...
tout en douceur, pour que nous puissions aller nous coucher en paix, nous dit-elle.
Après les mélodies de Strauss, elle chante avec panache, un merveilleux légato et une puissance vocale stupéfiante "l'Ode à la
lune" tiré de l'Opéra de A. Dvorak, Rusalka ... Un bis suivra cette démonstration éblouissante : La "valse" de Romeo et Juliette de Gounod, elle nous
montrera, dans cet air, l'étendue de sa voix (éblouissante) et de son talent (immense) Karen Vourc'h semble faite pour chanter l'opéra plus que pour interpréter des mélodies
confidentielles comme les chansons de Bilitis.
Belle découverte, belle artiste, nous suivrons attentivement sa carrière et nous nous promettons d'aller l'écouter sur scène, là où est sa vraie
place.