« Plus vous voulez vous élever,
plus il faut avoir les pieds sur terre.
Chaque arbre vous le
dit. »
(Michel Tournier «La fugue du petit Poucet»)
L'arbre symbolique
C'est l'un des thèmes symboliques le plus riche et le plus répandu. Symbole de la vie, en perpétuelle évolution, en ascension vers le ciel, l'arbre évoque tout le symbolisme de la verticalité. Il sert aussi à symboliser le caractère cyclique de l'évolution cosmique : mort et régénération. Les feuillus, surtout, évoquent un cycle puisqu'ils se dépouillent et se recouvrent chaque année de feuilles.
L'arbre unit le haut et le bas, mettant ainsi en communication les trois niveaux du cosmos :
- Le souterrain, par ses racines fouillant les profondeurs où elles s'enfoncent.
- La surface de la terre, par son tronc et ses premières branches.
- Les hauteurs par ses branches supérieures et sa cime, attirées par la lumière du ciel.
L'arbre réunit tous les éléments : l'eau circule avec sa sève, la terre s'intègre à son corps par ses racines, l'air nourrit ses feuilles et le feu jaillit par le frottement de son bois.
Parce que ses racines s'enfoncent dans la terre et que ses branches s'élèvent dans le ciel, l'arbre est
universellement considéré comme un symbole des rapports qui s'établissent entre la terre et le ciel. Il possède en ce sens un caractère central, à tel point que l'Arbre du monde
est un synonyme de l'Axe du monde (Axis Mundi). Figure axiale, il est tout naturellement le chemin ascensionnel par lequel
transitent ceux qui passent du visible à l'invisible : c'est donc cet arbre qu'évoquent aussi bien l'échelle de Jacob que le poteau chamanique de la yourte sibérienne, le poteau - mitan du
sanctuaire vaudou. C'est le pilier central qui soutien le temple ou la maison dans la tradition Judéo-chrétienne et c'est aussi la colonne vertébrale soutenant le corps humain, temple de
l'âme.
L'arbre cosmique, l'arbre de vie, est souvent représenté sous la forme d'une essence particulièrement
majestueuse. Tels apparaissent dans les croyances de ces peuples : le chêne celtique - le tilleul germanique - le frêne scandinave - l'olivier de l'orient islamique - le mélèze et le bouleau
sibériens … tous arbres remarquables par leurs dimensions, leur longévité. Dieux, esprits et âmes empruntent le chemin de l'Arbre du monde entre ciel et terre.
"Si l'arbre est chargé de forces sacrées, c'est qu'il est vertical, qu'il pousse, qu'il perd ses feuilles et les récupère et que, par conséquent, il se régénère … il meurt et renaît d'innombrables fois" (Mircea Eliade).
L'arbre est parfois représenté double pour symboliser la double nature humaine, transcendée et finalement unie.
La kabbale juive représente le Tout, le Un, le cosmos, sous forme d'arbre : l'Arbre des séphiroth.
Quelques essences d'arbres possèdent leur propre symbolique :
L' Acacia. On dit que l'arche d'alliance était en bois
d'Acacia plaqué d'or, et que la couronne d'épines du Christ provenait de ce même arbre. Dans la pensée judéo-chrétienne, cet arbuste
au bois dur et presque imputrescible, aux épines redoutables et aux fleurs arborant les couleurs du lait et du sang, est un symbole de renaissance et d'immortalité.
Le Chêne. Arbre sacré dans de nombreuses traditions, le Chêne est investi de privilèges accordés à la
divinité suprême parce qu'il attire la foudre et symbolise la majesté. En tout temps et en tout lieu, le Chêne est synonyme de force et de solidité. C'est du moins l'impression qu'il laisse quand
il atteint sa maturité. Notons que le bois du chêne a la propriété d'être incorruptible, alors ne soyons donc pas étonnés d'apprendre que les termes "chêne" et "force" se traduisent en latin par
le même mot : robur, symbolisant autant la force morale que physique. Il est le symbole de l'arbre de vie, du salut, ainsi que de la Force et de la Prospérité. Le chêne est
aussi l'arbre consacré à Jupiter dans la mythologie classique où de grands chênes croissent dans la forêt de Dodone, en Épire, qui est consacré à l'oracle de ce dieu, et est l'un des plus anciens
sanctuaires grecs.
L' Olivier. La richesse symbolique de cet arbre est abondante: récompense, purification, force, paix, victoire, fécondité. Consacré à la Déesse grecque
Athéna, l'Olivier l'était également au Dieu romain Jupiter. Un mythe raconte que Neptune et Minerve, se disputant la possession de l'Attique se présentent devant l'assemblée des Dieux. Ces
derniers décident de confier la région à celui qui offrira le don le plus précieux. Le dieu de la mer frappa un rocher avec son trident et fit jaillir une source pendant que la déesse fit naître
un Olivier. Ainsi Minerve remporta la victoire et cet arbre lui fut consacré. Il est devenu symbole de paix sans doute parce que la déesse est la figure guerrière opposée à Mars. Il faut aussi se
rappeler que vers la fin du déluge, une colombe rapporta une branche d'Olivier vers l'arche de Noé. Selon une vieille légende, la croix du Christ était fabriquée de Cèdre et d'Olivier. Dans le
langage du Moyen Âge, cet arbre symbolisait l'or et l'amour.
Le Laurier. Ovide raconte comment la nymphe Daphné, est métamorphosée en laurier pour
avoir échappé à l'amour d'Apollon qu'elle ne payait pas en retour. Depuis cet arbre est consacré au Dieu du soleil. Dans la Rome antique, le laurier est consacré à Jupiter. Selon la doctrine
chrétienne, le laurier est à la fois symbole d'éternité, car il est toujours vert, et de chasteté car ses feuilles ne se flétrissent jamais. C'est surtout à la Renaissance que se diffuse l'image
allégorique de la Victoire, figure féminine ailée qui remet une couronne de laurier au vainqueur ou lui pose sur la tête.
Le Cyprès. Cet arbre sacré chez de nombreux peuples, grâce à sa longévité et à sa verdure persistante, est
également nommé "Arbre de vie", à l'instar du Thuya. Chez les Grecs et les Romains, le Cyprès est en rapport avec les divinités de l'enfer. Il est l'arbre des régions souterraines, d'où sa
présence remarquée dans plusieurs cimetières du bassin de la Méditerranée. Le cyprès est l'un des attributs de la figure allégorique du Désespoir : elle en tient une branche dans la main
droite car, de même que le cyprès ne repousse pas s'il est coupé, l'homme en proie au désespoir finit par annihiler en lui toute possibilité de cultiver le courage et la Vertu.
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