La procrastination (du latin pro et crastinus qui signifie « demain ») est une tendance à différer, à remettre systématiquement au lendemain quelques actions (qu’elles soient limitées à un domaine précis de la vie quotidienne ou non). Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, n’arrive pas à se « mettre au travail », surtout lorsque cela ne lui procure pas de satisfaction immédiate.
" Cette habitude, vieille de tant d'années, de l'ajournement perpétuel, de ce que M. de Charlus flétrissait
sous le nom de procrastination." (Marcel Proust).
" Je remercie à présent chacun des contretemps qui m'empêchèrent d'approfondir ma connaissance de la forêt rambolitaine: la paresse, l'âge, le penchant à procrastiner, et aussi le plaisir que
j'eus d'habiter trop peu de temps (...) un de ses sommets." (Colette, "Pays connu",1949).
"Les atermoyeurs, procrastinateurs et lambins de mon acabit sont justement de ceux qui ne
finissent rien et même ne commencent pas davantage." (Amiel, Journal,1866, p.455).
Il est urgent d'attendre ?
attendre d'aller mieux.
attendre un signe de l'autre.
attendre que l'autre dise ce que l'on a envie d'entendre.
demain sera un autre jour !
attendre le "déclic".
attendre des lendemains qui chantent.
attendre l'envie ou le désir de faire.
attendre que l'autre fasse le premier pas.
pas envie d'agir aujourd'hui !
plus j'ai de choses en attente, moins j'ai envie de les faire !
attendre des autres qu'ils soient conformes à l'idée que l'on s'en fait ... etc.
Attente, une fuite du présent ?
Nous attendons, dans l'espoir que "plus tard" sera plus propice à l'action. Mais quand ce "plus tard" advient,
nous sommes déjà en train d'attendre un autre meilleur moment... la minute, l'heure, le mois d'après ...
L'attente chronique à pour but (conscient ou inconscient) de ne pas vivre le moment présent qui pourrait être
source de peur ou d'émotions, aussi indéfinissables que redoutées, qui nous rappelleraient que l'humain est par définition seul est démuni …
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'attente n'est pas synonyme d'espoir mais d'illusion … illusion que
nous serons différents l'instant d'après, ou le jour suivant, et que nous finirons par décider de "vivre" tout simplement … demain … mais pas aujourd'hui !
D'ailleurs je me demande si je ne vais pas remettre à demain l'écriture de ce billet …
L'attente n'est pas un état permanent, elle est entrecoupée de "bouffées" d'actions qui confinent à la boulimie ou
à la fuite. L'attente est créatrice d'angoisse … l'anxiété générée par l'attente se dilue dans l'action. Une preuve : regardez autour de vous, vous n'aurez aucune peine à trouver quelque
chose que vous avez commencé sans aller plus loin que ce commencement [on verra plus tard !] et terminez là … Observez en vous cette intense satisfaction d'avoir bouclé une boucle, si
petite soit-elle, plutôt que de chercher immédiatement d'autre œuvres en chantier … qui ne manquent sans doute pas ! (ce serait de nouveau faire preuve de procrastination).
Pourtant, il est bien difficile de ne rien attendre, il est des attentes, bien sûr, qui nous paraissent légitimes
…
Comment sortir de ce mauvais pas :
La première chose serait peut-être de mettre au clair ce que l'on
attend exactement, et quels besoins profonds cela comblerait : besoin de sécurité , d'amour , de reconnaissance , de consolation , d'être écouté ?
La deuxième étape serait probablement d'essayer de nous donner à
nous-mêmes ce dont on manque le plus : s'aimer soi-même, s'estimer soi-même... être bienveillant/indulgent vis-à-vis de nos manques, de nos limites, de nos erreurs. Je suis ce que je suis
aujourd'hui et maintenant, ce qui ne présage en rien ce que je serai après cette prise de conscience !
La troisième étape pourrait être de faire des demandes claires
aux autres (dans le sens de nos attentes), afin qu'ils puissent choisir d'y répondre ou non... Rien de tel que les demandes que l'on pense implicites pour embrouiller les
choses.
Selon l'habitude sur ce blog ... une question (indiscrète bien sûr) :
Quelle est la place de l'attente dans votre vie, est-elle handicap ou chance ?