Légendes et mythes de la vieille ville de PRAGUE.
La légende suivante raconte comment le Rabbi Loew sauva sa propre vie par intelligence : Une nouvelle fois, la communauté juive de Prague était victime d'une épidémie qui emportait jeunes et moins jeunes. Les cadavres s'entassaient dans le bethchajim (vieux cimetière), les bras et l'espace manquant pour enterrer les corps. Le Rabbi Loew était déjà un fort vieil homme, il allait sur ses cent ans d'âge dont témoignaient ses cheveux et sa barbe d'un blanc immaculé . Le Rabbi interrogeait en vain ses livres, espérant y trouver l'origine de cette épidémie, mais surtout le remède pour la contrer. Dans sa grande détresse, il se rappela le rêve qui l'avait visité lors de cette horrible épidémie dont tant d'enfants avaient été victimes quelques années auparavant. Aussi se présenta-t-il la nuit suivante, accompagné de ses élèves du Talmud et des serviteurs de la synagogue, à la petite porte dans le fond du vieux cimetière.
« Cette fois tu as réussi à m’échapper, dit la Mort. Mais prend garde de ne pas me rencontrer une autre fois ! »
Le Rabbi, sachant que la mort n’aurait de cesse de s’emparer de lui, ne tenait guère à une telle rencontre. Il consulta de nouveau ses livres, et, comme il était également adroit en mécanique, il se fabriqua un petit appareil qui le protégerait de la mort et qu’il porterait dorénavant toujours sur lui. Que la mort rôde près de lui, le petit appareil se mettrait à sonner comme une vieille montre, et le rabbin pourrait ainsi échapper à son destin.
La mort se cacha sous toutes les formes possibles pour l’approcher mais, grâce à sa ruse, le talmudiste la décela à chaque fois. Elle prenait un jour l’apparence d’une petite vendeuse, pour mieux se déguiser le lendemain en pêcheur apportant le poisson du Sabbat, puis en mendiant ou même en monsieur distingué venu lui présenter ses hommages. Chaque fois, son appareil le prévenait du danger mortel.
De longues années passèrent ainsi. Un jour, ses élèves, sa famille, et ses amis vinrent lui témoigner de leur estime et de leur gratitude à l’occasion de son anniversaire.
Très ému, le Rabbi Loew oublia son appareil dans son bureau et alla à la rencontre de ses hôtes avec un large sourire. La plus jeune de ses petites-filles entra en dernier une magnifique rose à la main. Le Rabbin se réjouit de ce cadeau et se pencha pour en apprécier le parfum. Il tomba en ce même instant sur le sol, mort. La mort s’était dissimulée dans la rose. Dans la pièce attenante le petit appareil magique retentit fort longtemps, si longtemps que ses ressorts en vinrent à se rompre. Personne ne se douta toutefois un seul instant que c’était dans cette belle goutte de rosée qui brillait sur la fleur que la mort s’était dissimulée.
Voir aussi sur ce blog : Rabbi Loew et le Golem de Prague