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Sur le même sujet, la catégorie : "Cantatrices et chanteurs d'opéra"
(25 articles classés du plus récent au plus ancien)

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Edita Gruberova soprano coloratura slovaque


Comme promis ICI, cet article à l'occasion de la diffusion d'un très beau documentaire, sur la chaîne Arte, le 11 janvier dernier, qui montrait la préparation d'une représentation de "Lucrèce Borgia" opéra de G. Donizetti, au théâtre Liceu de Barcelone, à l'occasion  des 40 années de carrière de la cantatrice


La voix d'Edita Gruberova est extrêmement puissante et endurante dans le suraigu. Elle est particulièrement connue pour sa maîtrise technique (contrôle du souffle, vocalises rapides, sons filés jusqu'à la limite de l'audible) qui lui permet d'assurer des rôles souvent difficiles (presqu'impossibles à chanter pour d'autres cantatrices) dans le domaine du bel canto romantique où elle prend des risques phénoménaux. Elle est l'une des rares cantatrices à donner les deux "contre-sol" dans le redoutable "Popoli di Tessaglia", air de concert de Mozart. Elle est aussi l'une des seules à chanter le rôle de Zerbinetta ( Dans Ariane à Naxos de Richard Strauss) tel qu'il est écrit, c'est-à-dire avec un trille sur un aigu.


Cantatrice extrêmement attachante, Edita Gruberova possède un timbre et une technique de chant qui font qu'elle est reconnaissable dès la première note émise. Sa façon de se jeter dans les notes suraiguës, presque sans reprendre son souffle, est très spectaculaire. Cette voix exceptionnelle et son charisme sur scène emportent à chaque prestation l'adhésion du public.

Des dizaines de disques viennent documenter son art mais, comme la plupart des voix très aiguës, le son enregistré semble, malheureusement, plus petit et dur qu'il n'est en réalité.


 

 

Air de la Reine de la nuit de Mozart


Edita Gruberova est la fille unique de Gustav Gruber et d'Etela Gruberová. En 1959, elle entre dans un chœur d'enfants. Lorsqu'elle a quinze ans, le docteur Julius Janko, pasteur à l'église protestante de Rača, prend en main son éducation musicale et lui enseigne le piano et le chant. Par la suite, elle entre au conservatoire, où elle suit l'enseignement de Maria Medvecká, qui lui fait aborder les airs de la Reine de la nuit dans La Flûte enchantée de Mozart.


Le 18 février 1968, elle fait ses débuts sur scène, dans le rôle de Rosina du Barbier de Séville de G.Rossini. À l'automne, elle se produit au Théâtre du Capitole de Toulouse à l'occasion d'un concours de chant où elle remporte le troisième prix. Le 14 décembre de la même année, elle fait ses débuts en Violetta dans La Traviata de Verdi au Théâtre de Banská Bystrica, où elle est engagée de manière permanente. Elle y chante par la suite les quatre rôles féminins des Contes d'Hoffmann d'Offenbach et celui d'Eliza Doolittle dans My Fair Lady de Frederick Loewe. C'est en 1971 qu'elle s'exilera hors de la Tchécoslovaquie communiste, pour n'y revenir qu'en 1979, lors d'une tournée avec l'Opéra de Vienne.

Le 7 février 1970, elle interprète la Reine de la nuit à l'Opéra d'État de Vienne. C'est un rôle qu'elle chantera cent quarante-quatre fois, sous la direction des plus grands chefs d'orchestre (Josef Krips, Herbert von Karajan, Wolfgang Sawallisch, etc.) et qu'elle enregistrera en studio à trois reprises (avec Alain Lombard, Bernard Haitink et Nikolaus Harnoncourt).

En 1973, Gruberová travaille avec Ruthilde Boesch, son nouveau professeur de chant, le rôle de Zerbinetta d'Ariane à Naxos de Strauss pour une prise de rôle à Vienne. Cette année-là, elle chante la Reine de la nuit au Festival de Glyndebourne et en concert au Royal Albert Hall de Londres. Elle interprète ensuite pour la première fois Konstanze dans L'Enlèvement au sérail de Mozart à Graz puis enregistre le rôle de Fiakermilli dans Arabella de Richard Strauss sous la direction de Georg Solti.

 

 

Air de Zerbinetta dans Ariane à Naxos de Richard Strauss


 

C'est le 20 novembre 1976 qu'elle obtient le premier grand triomphe de sa carrière dans le rôle de Zerbinetta. Karl Böhm dirige cette nouvelle production d'Ariane à Naxos.

Elle fait ses débuts au Metropolitan Opéra de New York en Reine de la nuit, sous la direction de James Conlon, en janvier 1977.

En 1978, l'Opéra de l'État de Vienne monte pour elle une nouvelle production de Lucia di Lammermoor, œuvre qui n'avait pas été représentée dans la capitale autrichienne depuis la tournée légendaire du Théâtre de la Scala de Milan avec Karajan et Maria Callas en 1954. C'est à nouveau un triomphe. Le bel canto romantique prend une part de plus en plus importante dans la carrière de la chanteuse. De Donizetti, elle abordera également, La Fille du régiment, Maria Stuarda, Roberto Devereux, Anna Bolena ; de Bellini, elle chantera I Capuleti e i Montecchi à Londres, sous la direction de Riccardo Muti.

 

Un air extrait de Béatrice di Tenda opéra peu connu de Gaetano Donizetti fabuleusement chanté en 2001 par l'artiste, vidéo ICI


En février 2008, elle aborde le rôle-titre dans Lucrezia Borgia (Donizetti) en version de concert au Liceo de Barcelone. Après 40 ans de carrière, elle y fait montre d'un tel engagement et d'une telle maîtrise technique (un pianissimo soutenu pendant 20 secondes; un suraigu final triomphant) que le public en délire déploie des banderoles avec son portrait ou des slogans tels "Edita, simply the best" et la rappelle pendant 35 minutes. Sa prise de rôle scénique a lieu en février 2009 à Munich.

 

 

Air final de Lucrèce Borgia en 2008 (documentaire Arte)


Malgré les années la voix d'Edita Gruberova est restée intacte et elle continue à se produire dans les rôles qui ont fait sa gloire sans qu'elle semble avoir plus de difficultés à les interpréter. A une question posée dans le documentaire d'Arte à propos de cette exceptionnelle longévité, elle répond que quarante ans se sont effectivement écoulés depuis ses débuts mais que la santé de sa voix est telle qu'elle envisage (petit sourire narquois de sa part) de se produire encore dix ans.

 

 

Scène de la folie : "Il Pirata" de Bellini (Beauté totale du "bel canto romantique")


Tag(s) : #Cantatrices- et- chanteurs- d'opéra
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