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Johannes Brahms compose la Rapsodie pour alto, choeur d'hommes et orchestre - opus 53 -  en 1869, comme cadeau de mariage à Clara et Robert Schumann. Composée juste après le requiem Allemand, elle est basée sur un texte de Goethe : "Hartzreise im Winter" qui évoque la recherche spirituelle qui éloigne de la souffrance. En voici la traduction en français :



Mais là-bas, qui est-ce ?

Son chemin se perd dans les bois
Derrière lui se referment les branchages,
L'herbe se redresse
La solitude l'engloutit.
Hélas, qui peut guérir la douleur
de celui à qui le baume est devenu poison ?
De qui a bu la haine des hommes
Dans la plénitude de l'amour ?
D'abord méprisé, à présent contempteur,
il méprise en secret le meilleur de soi
En vain égoïsme.
S'il est dans ton psautier, Père d'Amour,
Un chant que son oreille puisse entendre,
Réconforte son coeur !
Ouvre le regard obnubilé
Sur les mille sources
Proche des assoiffés dans le désert.


L'oeuvre commence par une introduction orchestrale très introspective, puis la soliste entre sur un récitatif, décrivant la scène, avec des saut d'octave aussi difficiles qu'expressifs. Même avec les notes aiguës que comporte la partition, l'utilisation régulière du registre grave maintient l'oeuvre dans une coloration sombre. La voix de la contralto est traitée ici comme un instrument d'orchestre tissant sa partie au-dedans et au-dehors des autres. Seules les chanteuses possédant un timbre opulent et riche peuvent approcher la grande richesse et la profondeur voulues par Brahms.

Plusieurs cantatrices de renom, pour peu qu'elle puissent vocalement aborder cette oeuvre  exigeante, s'y sont essayées. En tout premier lieu - bien évidemment - la grande contralto Kathleen Ferrier. Elle commence à chanter après la longue introduction (à 1.50) qui campe le décor dramatique de l'existence. Ici un enregistrement en deux parties de 1947. (écouter particulièrement la superbe mélodie du tout début de la deuxième partie)





Un enregistrement plus récent chanté par Yvonne Berg, qui possède une voix plus légère mais un engagement tout aussi vibrant soutenu par un art du chant irréprochable.


2ème partie : (début du thème mélodique proprement dit)


Dans notre société ou le mot même est tabou, une fois par an, à cette période de l'année, il est permis de parler de la Mort, d'honorer collectivement les disparus ... Le fleurissement des tombes est le dernier rite social (non religieux) qui rassemble croyants et non croyants. Le choix de cette oeuvre magnifique est mon humble contribution ... Brahms savait ce que douleur et chagrin veulent dire ... Espoir, aussi, puisque l'oeuvre se termine dans l'apaisement et la sérénité !



Tag(s) : #OPERA- et- musique- vocale
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